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Un peu de nuance

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Un article plein de nuance de Libération concernant la baisse d'immunité constatée chez les vacciné. En résumé, elle serait logique puisque moins nécessaire...


Le Royaume-Uni a-t-il admis que les vaccins endommagent le système immunitaire naturel?

Un rapport officiel britannique indique bien que le niveau de certains anticorps semble plus faible chez les personnes ayant contracté l’infection après deux doses de vaccination. Mais le passage a été l’objet de nombreuses interprétations erronées.


Une rumeur circulant depuis mi-décembre dans les milieux opposés à la vaccination contre le Covid affirme que le gouvernement britannique a admis que «les vaccins ont endommagé le système immunitaire naturel des personnes ayant reçu une double dose de vaccin». Dans un texte partagé par le site antivax France Médias Numérique, un rapport de surveillance du vaccin Covid-19 de l’Agence de sécurité sanitaire du Royaume-Uni, pour la semaine 42 de 2021, est cité en appui de cette affirmation. En effet, il admettrait que «les niveaux d’anticorps N semblent être plus faibles chez les personnes qui contractent l’infection après deux doses de vaccination».

Le site France Médias Numérique en déduit que «ce que disent les Britanniques, c’est qu’ils ont découvert que le vaccin interfère avec la capacité innée de l’organisme, après une infection, à produire des anticorps contre la protéine de pointe, mais aussi contre d’autres parties du virus. Plus précisément, les personnes vaccinées ne semblent pas produire d’anticorps contre la protéine de la nucléocapside, l’enveloppe du virus, qui est un élément crucial de la réponse chez les personnes non vaccinées. A long terme, les personnes qui prennent le vaccin seront beaucoup plus vulnérables à toute mutation de la protéine de pointe qui pourrait survenir, même si elles ont déjà été infectées et guéries une ou plusieurs fois. Les personnes non vaccinées, quant à elles, obtiendront une immunité durable, voire permanente, contre toutes les souches du prétendu virus après avoir été infectées naturellement, même une seule fois.»

Si l’on retrouve bien la phrase «les niveaux d’anticorps N semblent être plus faibles chez les individus qui contractent l’infection après deux doses de vaccination» à la page 23 de ce rapport officiel, toute la démonstration faite par France Médias Numérique n’y apparaît pas.

«Si la vaccination a contrôlé l’infection, le corps n’a pas à produire une quantité énorme d’anticorps»

Le rapport cité porte sur la vaccination et son efficacité au Royaume-Uni. Dans la partie du document mise en avant, l’agence de sécurité sanitaire britannique s’intéresse à l’«impact du vaccin sur la proportion de la population ayant des anticorps contre le Covid-19». En pratique, il s’agit de tester la présence de deux anticorps, le premier ciblant la nucléoprotéine du virus (N) l’autre la protéine de spicule (S) – qui est la partie du virus qui permet l’infection des cellules (la fameuse protéine «spike»). A la page 19 du rapport, l’Agence de sécurité sanitaire britannique explique que «les tests de la nucléoprotéine N détectent uniquement les anticorps post-infection, alors que la protéine S détecte à la fois les anticorps post-infection et les anticorps [produits suite à] la vaccination.» Les vaccins exposent en effet l’organisme à cette seule portion du virus. «Par conséquent», explique l’agence, «les changements de la séropositivité pour [le test de l’anticorps N] reflètent l’effet de l’infection naturelle. L’augmentation de la séropositivité mesurée de l’anticorps S reflète à la fois l’infection et la vaccination.»

La phrase utilisée comme une preuve par les antivax est extraite d’un paragraphe plus général. Ce dernier explique qu’évaluer la séropositivité à l’anticorps anti-N amène à sous-estimer la proportion de la population précédemment infectée, et ce pour plusieurs raisons, parmi lesquelles «l’affaiblissement de la réponse des anticorps N au fil du temps», mais aussi le fait «[au regard d’observations] récentes des données de surveillance de l’Agence britannique de sécurité sanitaire (UKHSA) que les niveaux d’anticorps N semblent être plus faibles chez les personnes qui contractent l’infection après deux doses de vaccin».

C’est cette fameuse phrase, isolée de son contexte, qui a donc été l’objet d’interprétations parfois hâtives ou trompeuses, et pas seulement en France. Les Vérificateurs de Radio Canada se sont notamment déjà penchés sur cette rumeur. Benoît Barbeau, virologue et professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal, leur avait expliqué qu’il n’était en réalité pas étonnant que le niveau de la protéine N puisse être plus bas pour des cas d’infection chez des vaccinés (deux doses) que chez des non-vaccinés. «Si vous êtes infectés après vaccination, il se peut fort bien que votre réponse immunitaire ne soit pas nécessairement aussi explosive [que si vous n’étiez pas vaccinés] et que vous alliez produire moins d’anticorps, indique le virologue québécois. Vous allez avoir moins de présence d’anticorps contre une des composantes du virus, parce que le vaccin a fait son travail et a limité d’une part l’infection, mais aussi sa réplication exagérée. […] C’est fort probablement que la vaccination a contrôlé l’infection, et donc que [le corps] n’a pas à produire une quantité énorme d’anticorps, parce que le virus a à peine été capable de se reproduire.»

Idées fausses

Auprès de nos confrères britanniques de Reuters, les experts de Meedan Health Desk, un groupe de scientifiques de la santé publique travaillant à lutter contre la désinformation médicale, avaient livré une même analyse, estimant que la «neutralisation virale» précoce par la vaccination était susceptible de modifier la réponse de l’organisme et de limiter le développement ultérieur d’anticorps anti-N en cas d’infection après la vaccination. Sans que cela ait un impact sur les niveaux d’immunité.

Bruno Lina, auprès de CheckNews, insiste lui sur les erreurs du texte partagé par France Médias Numérique. Contrairement à ce qu’affirme le site antivax, «les vaccinés ont en moyenne des taux d’anticorps anti spicule (S) supérieurs a ceux observés chez les infectés» note Bruno Lina. Lorsque le site écrit que «les personnes vaccinées ne semblent pas produire d’anticorps contre la protéine de la nucléocapside», le virologue souligne que dans le rapport de l’agence de sécurité sanitaire britannique «il n’est pas dit qu’il n’y a pas d’anticorps, mais que le taux est en moyenne inférieur, cette différence est mesurable mais faible».

Le professeur lyonnais s’inscrit également en faux contre l’idée, véhiculée par le texte de France Médias Numérique, qu’«avoir une immunité préalable liée à la vaccination rende plus vulnérable». Un argument récurrent des antivax, reposant souvent sur la thèse que la vaccination induirait des anticorps facilitant l’infection, ce qui a été de maintes fois réfuté. A contrario, la thèse défendue par le texte selon laquelle «les personnes non vaccinées, quant à elles, obtiendront une immunité durable, voire permanente», est également erronée, explique Bruno Lina : «le niveau de réinfection est identique et l’immunité postinfectieuse n’est pas durable, ce qui est le problème» et qu’«il n’y a jamais d’immunité permanente avec les coronavirus».

A nos confrères de l’agence Reuters, le professeur Tim Spector, chef de l’épidémiologie génétique au King’s College de Londres, avait lui aussi affirmé que «si l’immunité naturelle confère une protection plus large contre le virus, elle n’est pas nécessairement meilleure» car une réinfection est possible aussi bien après une vaccination qu’après une infection naturelle.



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